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De l’écriture sainte à la Huroufiyah – la calligraphie islamique au fil des siècles.

Oct 15, 2021 | Histoire de la calligraphie arabe

Aujourd’hui après une longue absence, j’ai décidé de parler de Christie’s (société de vente aux enchères international) qui a consacré un sujet très intéressant sur les trois éléments clés de l’art islamique.

‘La calligraphie arabe s’est d’abord développée comme un moyen de transmettre la parole de Dieu à travers l’écriture sainte du Coran », explique Keyworth.’

L’art islamique comporte trois éléments clés : la géométrie, l’arabesque et la calligraphie, qui sont utilisées séparément ou ensemble pour créer des motifs complexes. La calligraphie est au sommet de la hiérarchie, explique Keyworth, car elle transmet la voix du Divin. Aucune autre forme d’art n’est aussi exaltée ».

À partir du XIe siècle, les écritures sont devenues plus cursives grâce à la disponibilité du papier, qui était plus lisse, permettant à la plume de glisser sur la surface avec plus de facilité. Les scribes ont commencé à expérimenter des plumes de différentes tailles, et des règles précises ont été élaborées pour prescrire la taille et la longueur de chaque lettre.

Il en résulta une série d’écritures proportionnelles, dont le Naskh, le Thuluth et le Muhaqqaq, qui utilisaient un système sophistiqué de mesures basé sur un nombre spécifique de points en forme de losange pour chaque lettre. D’autres écritures, notamment les Maghribi qui se sont développées en Espagne et en Afrique du Nord, se caractérisaient par des courbes profondes et plongeantes.

Folio du Coran rose, Espagne, XIIIe siècle

Motifs arabesques, dessins géométriques et or lumineux


À mesure que la calligraphie se développait, les artistes ont commencé à encadrer leurs écritures de motifs d’arabesques et de dessins géométriques. Les motifs géométriques peuvent former des lettres et vice versa », explique Keyworth, révélant ainsi que les trois principaux éléments de l’art islamique sont, dans une certaine mesure, mutables et peuvent s’imbriquer les uns dans les autres.

Les techniques calligraphiques devenant plus sophistiquées, les souverains ont fait appel à des artistes pour réaliser d’opulentes commandes. L’un des scribes les plus célèbres du XVIe siècle était le calligraphe persan Sultan ‘Ali Mashadi (1453-1520), qui travaillait à la cour du sultan Husayn Mirza Bayqara (1438-1506) à Herat.

L’évolution vers l’abstraction


À la fin du XIXe siècle, les manuscrits étaient devenus si resplendissants qu’ils ont suscité chez certains le désir de trouver une esthétique plus pure. La femme artiste Ruqiyah Banu a été l’une des pionnières du style dépouillé nakhuni, utilisant uniquement une feuille de papier blanc et l’ongle pour créer des impressions.

Une telle innovation technique a eu un impact profond sur les artistes modernes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui ont reconnu dans ces techniques radicales les éléments de l’abstraction. Un nouvel art révolutionnaire était à l’horizon.

Panneau calligraphique Khatt-i-nakhuni (ongle), signé Ruqiyah Banu, Iran Qajar, XIXe siècle.

La naissance d’un nouveau langage visuel : Huroufiyah


Au début du XXe siècle, des artistes islamiques, conscients des innovations en Occident, ont inventé un nouveau langage visuel, libérant la lettre arabe de son contexte religieux et l’utilisant de manière purement abstraite. Ce mouvement est connu sous le nom de Huroufiyah, du mot hurouf, qui signifie « lettre ».

L’un des principaux représentants de ce mouvement est le peintre Madiha Umar (1908-2005), dont le texte de 1949, Arabic Calligraphy : An Inspiring Element in Abstract Art, décrit les possibilités de ce médium.

L’idée m’est venue que la calligraphie arabe, qui est abstraite et pourtant si symbolique dans son essence, n’avait plus besoin de se limiter à remplir l’espace d’un dessin géométrique.

Ismail Gulgee, Sans titre (Formes abstraites), 1966. Techniques mixtes sur toile.

Source:

https://www.christies.com/features/The-art-of-Arabic-calligraphy-11561-1.aspx

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